François NICOLAS : Calendrier 2008-2009
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Samedi
18 octobre 2008, 17h : conservatoire du XIX° (Paris) : Gérard Assayag
(ordinateur), Laurent Mariusse (percussions), Nicolas Misdariis (Timée), François Nicolas (piano)
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Dimanche
29 mars 2009, 20h : Église du Bon-Secours (Paris XI°)
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Semaine
Grothendieck (Peyresq, 24-30 août 2008) : « Un
pays où les enfants mènent boire les chevaux… » (De la musicalité de Récoltes et Semailles)
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Jeudi 25 et vendredi 26
septembre 2008 - Colloque
« Temps long »
(Paris, Ens) : Un temps
musical « long » pour un grand Œuvre fait de nombreux opus ? [1]
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Jeudi 9 et vendredi 10
octobre 2008 - Colloque
« Les disciplines face à leur histoire » (Paris, Ens) : Éloge de la monographie
en musique
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Samedi 11 octobre 2008
(Paris, Ens, 11h) - Séminaire mamuphi :
Des
connivences contemporaines entre intellectualités mathématique & musicale [2]
Philosophie - Huit
propositions au sujet du structuralisme
Mathématiques & musique - Programme de
travail sur faisceaux et topos en musique
Compte rendu de la discussion : « 15 questions
ou objections, et autant de premières réponses »
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Samedi 18 octobre 2008
(Paris, Ircam, 11h) - Samedi d’Entretemps
consacré au livre de Carmen Prado : Approche de John Cage. L’écoute
oblique (L’Harmattan) avec Laurent
Feneyrou
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Samedi 25 octobre 2008
(Paris, Ircam, 11h) – Séminaire
compositionnel Entretemps - G. Drouin, A. Bonnet
& F. Nicolas : Pourquoi, pour
un compositeur, joindre le mot à la note ?
¡ Samedi 15 novembre 2008 (Paris, Ens, 11h) - Séminaire mamuphi :
Ernst Krenek
Une lecture de Music
here and now d’Ernst Krenek
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Jeudi 20 novembre
2008 - Colloque
« Religiosité et musique »
(Paris, Sorbonne) : Y a-t-il une
prière musicale (religieuse/fidèle/athée) à l’œuvre chez Schoenberg ? [3]
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Samedi 22 novembre 2008
(Paris, Ircam, 11h) - Samedi d’Entretemps
consacré au livre de Célestin Deliège : Invention musicale et
idéologies 2 (Mardaga 2007)
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Samedi 29 novembre 2008
(Paris, Ircam, 11h) – Séminaire
compositionnel Entretemps : Quelle
musique est à l’œuvre dans mon quintette Instress ? [4]
¡ Samedi 6 décembre 2008 (Paris, Ens, 11h) - Séminaire mamuphi
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Jeudi 4 décembre
2008 – Festival
Musiques démesurées (Clermont-Ferrand, 16h) : Les rapports
architecture-musique dans la Casa di Musica
de Koolhaas (Porto)
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Jeudi 11 et vendredi 12
décembre 2008 - Colloque Elliott
Carter (Paris, Ircam) : Écouter Night Fantasies
Ø
Samedi 13 décembre 2008
(Paris, Ircam, 11h) – Séminaire
compositionnel Entretemps avec Geoffroy Drouin
¡ Samedi 17 janvier 2009 (Paris, Ens, 11h) - Séminaire mamuphi
avec Christian Houzel
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Samedi 24 janvier 2009
(Paris, Ircam, 11h) - Samedi d’Entretemps
consacré au livre de Xavier Hautbois : L’unité de l’œuvre musicale (L’Harmattan 2006) avec Geoffroy Drouin
Ø
Samedi 31 janvier 2009
(Paris, Ircam, 11h) – Séminaire
compositionnel Entretemps
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Lundi 2 février 2009 (Poitiers,
École Européenne Supérieure de l’image, 14h) – La Timée
¡ Samedi 7 février 2009 (Paris, Ens, 11h) - Séminaire mamuphi
avec René Guitart / École
mamuphi (Paris, Ens, 15h) avec Yves André
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Samedi 14 février 2009
(Paris, Ircam, 11h) – Séminaire
compositionnel Entretemps avec Philippe Manoury
¡ Samedi 7 mars 2009 (Paris, Ens, 11h) - Séminaire mamuphi
avec Jean Bénabou
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Samedi 14 mars 2009
(Paris, Ircam, 11h) - Samedi d’Entretemps
consacré au livre de Luigi Nono : Écrits (Contrechamps 2007)
Ø
Samedi 21 mars 2009
(Paris, Ircam, 11h) – Séminaire
compositionnel Entretemps avec Antoine Bonnet
¡ Samedi 4 avril 2009 (Paris, Ens, 11h) - Séminaire mamuphi
avec Pierre Lochak
Ø
Samedi 25 avril 2009
(Paris, Ircam, 11h) – Séminaire
compositionnel Entretemps avec Denis Cohen
¡ Samedi 9 mai 2009 (Paris, Ens, 11h) - Séminaire mamuphi
Ø
Samedi 16 mai 2009
(Paris, Ircam, 11h) – Séminaire
compositionnel Entretemps avec Hacène Larbi
o
Samedi 30 mai 2009
(Paris, Ircam, 11h) - Samedi d’Entretemps
consacré au livre de Jacopo Baboni Schilingi : La musique
hyper-systémique (éditions MIX 2007) avec
Gian-Franco Vinay
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Mardi 2 juin 2009
(Nancy, École des Mines, 10h) – La musique, une et plurielle
–––––
Si « temps long » désigne non pas un temps
ordinaire qui dure longtemps mais un temps d’un type singulier - sans origine
(comme la durée, qui fait intervalle) ni épaisseur (comme l’instant, qui fait
coupure) –, si, plus spécifiquement, un tel « temps long » réactive à
échelle macroscopique une certaine inorientation des temps microscopiques et se
situe ainsi à la fois au-delà (hyperfini) et en-deçà (hypofini) des temps
ordinaires, peut-on identifier un tel type de « temps long » dans
l’expérience musicale en sorte de parler d’un « temps musical long » ?
On examinera ce point à la lumière des orientations
suivantes :
· Un
« temps musical long » sera tel qu’il réduplique, à très vaste
échelle, les propriétés infinitésimales des timbres instrumentaux : celles
des transitoires et formants acoustiques musicalement ressaisis comme ces
« nuances » et « couleurs » dont la musique fait sa
matière.
· Un
« temps musical long » peut être cherché du côté des grands Œuvres
(tel celui de Bach ou de Mozart) conçus comme réseau interactif de très
nombreux opus (BWV ou Keuchel) indéfiniment réinterprétables. On montrera sur
un exemple comment il est possible de formaliser ce type d’Œuvre selon le
paradigme d’un Timbre (doté de transitoires et formants).
· Le
point crucial deviendra alors le suivant : si un tel Œuvre de musique,
fait de nombreux opus, a bien forme macroscopique de Timbre, si un tel Œuvre
générateur d’un nombre potentiellement infini d’interprétations différentes
n’est plus à strictement parler « écoutable », à quel titre cet
Œuvre-Timbre relève-t-il encore musicalement d’un temps et pas seulement d’un
espace ? On s’éclairera ici des mathématiques pour faire quelques
hypothèses sur la géométrie singulière de cet espace-temps musical.
· S’il
est vrai que l’intellectualité mathématique trouve son impulsion réflexive dans
le geste d’Évariste Galois (1833) décidant que les mathématiques doivent
« sauter à pieds joints par-dessus les calculs » pour mieux déployer la puissance formelle de leurs
concepts, s’il est vrai que depuis lors se dessine une polarisation du champ
mathématique entre d’un côté ce qu’Alain Connes appelle « mathématiques
fondamentales » et de l’autre ce que
le (néo)positivisme appelle « mathématiques pour la modélisation », comment tout ceci concerne-t-il cette
intellectualité musicale mamuphi
qui se soucie des raisonances
musique-mathématiques ?
· S’il
est vrai que les rapports musique-mathématiques ne sauraient être entièrement
réfléchis de l’intérieur de la musique ni de l’intérieur des mathématiques -
l’autonomie de pensée de la mathématique n’est pas intelligible de l’intérieur
de la musique, et vice versa -, s’il est vrai qu’il faut donc convoquer la
philosophie pour s’orienter dans ces rapports, comment la réactivation actuelle
du structuralisme conçu comme mouvement philosophique déployé contre le
positivisme (et non comme épistémologie des sciences humaines) peut-elle
éclairer les débats mamuphi en
cours ?
· S’il
est vrai que l’entreprise structuraliste constitue une nouvelle donne en
matière de théoricité, où s’affrontent
deux modes de théorisation – d’un côté des pratiques théoriques, conjoncturellement situées et subjectivement
orientées comme interventions stratégiques s’épuisant dans leurs effets ;
de l’autre des théories
objectivement applicables, outils venant se déposer et s’ajouter à
l’encyclopédie des savoirs -, de quelle manière cette ligne de partage
éclaire-t-elle les différentes manières de théoriser la musique à la
lumière des mathématiques et à
l’ombre de la philosophie ?
Sur la base de réponses à ces trois questionnements, on
essaiera de clarifier ce qu’il en est de possibles connivences entre
intellectualités mathématiques attachées aux « mathématiques
fondamentales » (tout particulièrement celle de Grothendieck) et
intellectualités musicales attachées à des pratiques théoriques mathématiquement éclairées et s’inscrivant ainsi dans
la droite ligne de cette déclaration, contemporaine de la fondation ramiste de
l’intellectualité musicale : « Ce n'est que par le secours
des Mathématiques que mes idées se sont débrouillées. » (Rameau).
On exposera à ce titre un programme de travail visant à
éclairer le monde de la musique par les concepts mathématiques de faisceaux et
de topos (Grothendieck / Lawvere). On l’initiera en formalisant
mathématiquement l’idée suivante : une œuvre musicale est un faisceau
d’interprétations, le faisceau des interprétations d’une partition donnée. Ceci
ouvrira à une formalisation possible du monde de la musique comme topos
d’œuvres.
Religion
et musique sont traditionnellement corrélées selon une problématique du sens et des fonctions aptes à l’assurer : la religion donnerait sens
à la vie humaine par mise en œuvre de fonctions rituelles, orantes…, de même
que la musique vaudrait à hauteur du sens dont elle serait extrinsèquement
dotée par différentes fonctions (sociales, culturelles, ludiques, cultuelles…).
Le
XX° siècle s’est en partie dressé contre cette problématique, tant du côté des
musiciens (rehaussant l’émancipation d’une pensée musicale autonome) que de
celui d’une théologie chrétienne (Karl Barth) différenciant la foi d’une
religion conçue comme prétention humaine à mettre la main sur la transcendance
d’un « Tout Autre ». Plus largement, ce siècle s’est partagé sur
l’idée que le sujet se constituerait selon une logique du sens : Lacan,
par exemple, a opposé à l’équation « religion=sens » une problématique
de la vérité (ab-sens plutôt que non-sens) apte à constituer un sujet non anthropomorphique.
Qu’en
est-il alors d’éventuels rapports contemporains entre une telle foi -
radicalement assumée comme un « devant Dieu », plus angoissant que
béatement « sensé » - et une musique constitutrice de ses propres
enjeux ? Et si l’on prend en compte cet athéisme qui, depuis Feuerbach,
déconstruit les fondements anthropologiques des religions et rivalise
subjectivement avec la foi, c’est alors un triple rapport religion/foi/athéisme
& musique qu’il convient d’interroger.
On
le fera en focalisant notre attention sur la question de la prière dans l’Œuvre
de Schoenberg (de son premier opus - Danken - à son dernier - Psaume moderne) :
· S’il
existe une prière fidèle qui n’est pas religieuse, ce partage concerne-t-il la musique de
Schoenberg ?
· Si
toute œuvre musicale s’adresse (à qui ?, à quoi ?), ceci
constituerait-il une forme spécifiquement musicale de prière ? Le partage Bach/Mozart qu’instruit K. Barth traverse-t-il à ce
titre l’Œuvre de Schoenberg ?
· De
surcroît, certains opus de Schoenberg n’offriraient-ils pas l’exemple d’une
prière athée, celle qu’un Lacan avait
peut-être en tête en avançant en 1965 sa « pulsion invocante » ?
J’ai déjà eu l’occasion d’exposer les fins et motifs
musicaux de mon quintette Instress
(flûte, violon, alto, violoncelle et piano ; 20’) lors de sa création le 7
juin 2008 par l’ensemble Calliopée sous la direction d’Hacène Larbi.
Sans répéter cet exposé, je voudrais, dans le cadre
d’un séminaire qui se veut compositionnel, aborder une nouvelle dimension de
mon travail pour composer Instress, une
dimension plus en amont que je propose d’appeler celle de ses mobiles. J’emprunte ce faisant au Jean-Paul Sartre de L’Être
et le Néant – spécifiquement à son fameux
développement sur la délibération - la trilogie mobiles-motifs-fins et proposerai donc d’examiner, dans l’après-coup, de
quelle mobilisation musicienne a
procédé la motivation musicale à
l’œuvre dans Instress.
Remonter des motifs et fins constatés aux mobiles
constituants, Sartre appelle cela une « délibération », l’enjeu d’une
telle « délibération » rétrospective étant de prendre exacte mesure
des conséquences auxquelles nos décisions déjà prises subconsciemment vont nous
mener.
Dans le cas particulier de la musique, une telle
délibération concerne le musicien plutôt que l’œuvre, non parce qu’une telle
délibération mettrait au travail une conscience mais parce qu’elle convoque
spécifiquement l’instance du langage (que l’œuvre musicale ignore).
Je renommerai « enquête musicienne » un tel
type de délibération sur une œuvre déjà
là par qui l’a composée - en la distinguant soigneusement de toute approche
« poïétique » ou « génétique » de l’œuvre en question - et
je poserai qu’il s’agit là, pour le compositeur, de dégager une Idée proprement
musicienne de la musique à l’œuvre (ici dans Instress) en sorte d’en tirer toute conséquence pour la suite
de son projet compositionnel.
On commencera la séance en présentant l’objet même de
cette enquête : on fera pour cela écouter un enregistrement d’Instress (20’) accompagné de la projection d’une vidéo
analysant graphiquement la partition.
On poursuivra l’enquête sur les mobiles de cette
composition (« pourquoi mobiliser ainsi le trio de Schoenberg, des poèmes
de Hopkins et deux de mes opus antérieurs ? ») de la manière
suivante :
·
on projettera le début du film Muriel (1963) qui noue (de manière borroméenne) les images
de Resnais, les paroles de Cayrol et la musique d’Henze ;
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on présentera la composition architecturale des
parcours dans la Casa da musica (Porto)
à laquelle Rem Koolhaas a procédé ;
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on donnera de petits exemples mathématiques très
simples de ce que nouer sans lier ni coller
peut vouloir dire.