Le rapport de Wagner à Schopenhauer à l’époque de Tristan et Isolde

 

Colloque Richard Wagner

(Théâtre de la Monnaie – Bruxelles, octobre 2006)

 

François Nicolas

 

Résumé

 

Richard Wagner a déclaré, dans son autobiographie, que l’idée de son opéra Tristan et Isolde (1857-1859) lui avait été inspirée par la lecture de Schopenhauer, lecture intervenue en 1854, donc après la mise par écrit de son esthétique musicale (écrits dits zurichois de 1849-1851, en particulier Opéra et Drame).

Il faudra cependant attendre ensuite assez longtemps (voir son Beethoven, de 1870) pour que Wagner reformule son esthétique à la lumière - mieux à l’ombre - explicite de la philosophie de Schopenhauer.

 

Par-delà les différences décelables entre deux groupes d’écrits séparés par une vingtaine d’années, de quelle nécessité proprement musicienne relève ce recours à la philosophie ? Dans l’intellectualité musicale wagnérienne, quelle place particulière sa lecture de Schopenhauer a-t-elle joué, en particulier pour envelopper la composition de Tristan et Isolde ? Somme toute, entre écrits et composition de Wagner, quel rapport exact dans le cas de cet opéra ?

 

–––

 

Le dossier Wagner-Schopenhauer

Chronologie succincte

Quel rôle de la philosophie de Schopenhauer ?

Rapport de Wagner à la philosophie

Hegel

Feuerbach

Schopenhauer

L’inflexion Tristan

Du côté du poème

Du côté de la musique

Du côté du drame

Deux types de compréhension

Une compréhension synthétique en trois volets

Météorologie : le contemporain – ici l’amour

Cartographie : l’orientation dans la pensée – ici la volonté

Géologie : les conditions de possibilité – ici la Musique

Une compréhension analytique : Beethoven (1870)

Une mytho-logique du travail inconscient

Rappel : formule canonique du mythe

Conclusion

 

 

Richard Wagner s’est amplement référé à la philosophie de Schopenhauer, à partir du moment précis (1854) où il a conçu son Tristan. Cette référence ensuite ne l’a plus quitté puisqu’on la retrouve au principe de son livre de 1870 sur Beethoven.

Que penser de ce rapport Wagner-Schopenhauer ? Qu’est-ce  que la philosophie, spécifiquement la philosophie de Schopenhauer, vient exactement faire dans l’entreprise musicale wagnérienne ? À quel titre cette référence, amplement exhaussée par Richard Wagner, nous permet-elle ou non de mieux comprendre les enjeux musicaux et esthétiques de son Tristan ? Quels rapports entretiennent en ce point écrits littéraires de Richard Wagner et œuvres musicales de Richard Wagner ? S’agit-là de transitivité (les écrits prononçant en quelque sorte le vrai de la composition musicale) ou plutôt de dialectique, l’unité contradictoire des écrits et des œuvres se trouvant tressée d’intransitivités ?

Voilà ce que je voudrais examiner devant vous.

Le dossier Wagner-Schopenhauer

Commençons pour cela par restituer les grandes pièces du dossier Wagner-Schopenhauer.

 

Rappelons d’abord ce point : le dossier Wagner-Schopenhauer n’est nullement un dossier Schopenhauer-Wagner, lequel est quasiment vide puisque Schopenhauer n’a guère accordé d’importance au travail de Wagner, à ses écrits comme à ses œuvres musicales. Ayant ainsi reçu de Wagner le poème de la Tétralogie (1854 [1]), Schopenhauer n’a même pas pris soin d’en accuser réception et l’on sait qu’il l’a annoté fort sévèrement [2], le recevant comme l’affaire d’un excentrique. Il est vrai que Schopenhauer est mort en 1860, avant donc que l’œuvre de Wagner n’ait enflammé l’Allemagne (ce qui n’interviendra véritablement qu’à partir de la fin de son exil).

 

Schopenhauer est né en 1788, 25 ans donc avant Wagner (1813).

Son grand livre de philosophie – Le Monde comme volonté et comme représentation – date de 1818. Le livre restera à peu près inconnu jusqu’à 1853 où un article (en anglais) [3] va initier un vaste engouement autour de l’ouvrage.

Wagner prend connaissance de Schopenhauer dans cet élan, en octobre 1854. Dans l’enthousiasme de cette découverte, Wagner conçoit le plan dramatique de son futur Tristan. Une lettre à Liszt [4] - Wagner est alors plongé dans la composition de L’Or du Rhin - en témoigne :

À côté des progrès si lents de ma musique, je me suis occupé exclusivement d’un homme qui est venu dans ma solitude comme un présent – présent simplement littéraire – qui m’est tombé du ciel. Cet homme est Arthur Schopenhauer, le plus grand philosophe depuis Kant, dont il a été le premier à penser complètement les idées jusqu’au bout, comme il s’exprime lui-même. […] Quels charlatans sont à côté de lui tous les Hegel, etc. ! Son idée maîtresse, la négation finale de la volonté de vivre, est d’un sérieux terrifiant, mais c’est la seule qui implique la délivrance. […] Je voudrais l’inconscience totale, le néant absolu, la fin de tous les rêves, la délivrance unique et définitive ! […]  Comme dans mon existence je n’ai jamais goûté le vrai bonheur que donne l’amour, je veux élever à ce rêve, le plus beau de tous les rêves, un monument dans lequel cet amour se satisfera largement d’un bout à l’autre. J’ai ébauché dans ma tête Tristan et Iseult ; c’est la conception musicale la plus simple, mais la plus forte et la plus vivante. (295)

 

Notons que le premier jet du nouveau drame [5] incluait, en sa toute fin, la rencontre de Tristan agonisant et de Parsifal, errant en quête du Graal. Où Tristan était ainsi mis sous le signe anticipateur d’Amfortas, le futur roi pêcheur et souffrant de Montsalvat. Wagner raturera bien vite cette généalogie : elle mériterait examen…

Quand Wagner découvre Schopenhauer et imagine les grandes lignes de Tristan, il est plongé dans la composition du Ring : il achève très exactement la composition de L’Or du Rhin.

Il ne reviendra à son projet Tristan qu’à l’été 1857, après avoir entièrement composé La Walkyrie et les deux premiers actes de Siegfried. Il interrompt alors la composition du Ring, laissant (comme il l’écrit à Liszt [6]) son Siegfried « sous le tilleul, dormir dans la belle solitude des bois sans savoir quand il se réveillera »…

Comme il le fait pour tous ses opéras, il rédigera d’abord le poème de Tristan (septembre 1857) puis composera sur cette base la musique qu’il achèvera deux ans plus tard, à l’été 1859.

Point remarquable : Tristan achevé, Wagner ne revient pas pour autant à son Ring. Il ne compose d’abord plus pendant près de deux ans (Wagner est un habitué des alternances entre périodes intenses de composition et périodes de latence) pour ne reprendre la composition qu’en 1864 avec un nouvel opéra – Les Maîtres chanteurs –. Ce n’est qu’après un nouveau et bref silence compositionnel que Wagner reprendra le fil de son Siegfried (1869) pour n’achever ensuite le Ring qu’en 1874 soit 25 ans après en avoir conçu le projet.

Entre-temps, la référence à Schopenhauer n’aura cessé d’accompagner son travail et de nourrir ses échanges avec le jeune Nietzsche rencontré en 1868.

Ainsi en 1870, Wagner écrit un Beethoven [7] qui se déploie explicitement à l’ombre de la philosophie de Schopenhauer. Ce livre fournit le contrepoint théorique de son maître ouvrage précédent – Opéra et drame – écrit, lui, en 1849.

Il faut également prendre en compte un écrit intermédiaire de 1860, La musique de l’avenir, qui fait en quelque sorte le bilan théorique de Tristan.

Chronologie succincte

Soit au total la chronologie suivante :

 


Opéras

Principaux écrits

Vie (repères)


Musique

Poèmes

1849

 

 

L’Art et la Révolution

L’Œuvre d’art de l’avenir

Lecture de Hegel

Révolution (Dresde)

exil

Dédicace à Feuerbach

1849

1850

 

 

Opéra et drame

 

1850

1851

Siegfried

 

 

1851

1852

La Walkyrie

L’Or du Rhin

 

 

1852

1853

L’Or du Rhin

 

 

 

1853

1854

 

Lecture de Schopenhauer

1854

1855

La Walkyrie

 

 

1855

1856

 

 

1856

1857

Siegfried (I & II)

Tristan et Isolde

 

 

1857

1858

Tristan et Isolde

 

 

 

1858

1859

 

 

1859

1860

 

La musique de l’avenir

Mort de Schopenhauer

Retour d’exil

1860

1861

Les Maîtres chanteurs

 

 

1861

1862

Les Maîtres chanteurs

 

 

1862

1863

 

 

 

1863

1864

 

 

1864

1865

 

 

1865

1866

 

 

1866

1867

 

 

1867

1868

 

 

Rencontre Nietzsche

1868

1869

Siegfried (III)

 

 

1869

1870

Beethoven

 

1870

1871

 

 

1871

1872

Le Crépuscule des Dieux

 

Mort de Feuerbach

1872

1873

 

 

1873

1874

 

 

1874

 

Deux aspects marquants :

·       Du point de vue musical, Tristan interrompt le Ring : cette coupure prend la forme d’une inflexion – il nous faudra voir en quel sens précis -.

·       Du point de vue du musicien, les références de Richard Wagner à la philosophie concernent essentiellement Hegel, Feuerbach puis Schopenhauer (la fréquentation de Nietzsche n’a guère eu d’influence proprement philosophique sur Wagner). Mais l’entrée en scène de Schopenhauer ne vient pas se cumuler aux précédentes références philosophiques : elle fait plutôt coupure, et coupure définitive  puisqu’après cette découverte de Schopenhauer, les positions philosophiques de Wagner ne changeront plus pour l’essentiel.

 

Ceci nous lègue donc deux questions :

·       En quoi Tristan, qui interrompt la genèse du Ring, fait-il ou non inflexion musicale et esthétique ?

·       Quel rôle la philosophie de Schopenhauer a-t-elle exactement joué en cette affaire musicale ?

 

Commençons par explorer cette seconde question.

Quel rôle de la philosophie de Schopenhauer ?

Mon objectif n’est pas ici d’explorer la philosophie proprement dite de Schopenhauer. Notre question ne porte pas directement sur cette philosophie mais bien sur le rapport que Richard Wagner entretient avec elle.

Le point délicat est le suivant : ce que Richard Wagner dit de ce rapport - par exemple ce qu’il déclare à Liszt en 1854, ce qu’il écrit dans ses publications, ce qu’il dira plus tard à Nietzsche -, tout ceci ne relève guère d’une conscience transparente qu’il nous suffirait de faire nôtre pour comprendre ce dont il retourne réellement.

Toute cette période est celle de ce que Jacques Rancière a appelé « l’inconscient esthétique » [8], autant dire l’exploration par l’esthétique (tant celle des artistes que des philosophes) d’une version pré-freudienne de l’inconscient. [9]

En cette exploration, Wagner se tient, bien sûr, en première ligne, tant dans son œuvre musicale (Tristan précisément) que littéraire (comme on va le voir, son Beethoven sera très exactement la tentative de donner raison à la nuit dans une dialectique d’avec la lumière du jour).

 

Comment alors comprendre ce rapport de Wagner à Schopenhauer ?

Rappelons d’abord ce qu’il en est du rapport de Wagner à la philosophie en général.

Rapport de Wagner à la philosophie

Ce rapport a connu un triple tour puisqu’il fut rapport à Hegel, à Feuerbach puis à Schopenhauer (Wagner ayant apparemment ignoré la philosophie proprement dite de Nietzsche, il est vrai encore embryonnaire à l’époque de leur amitié).

Hegel

Concernant Hegel, disons les choses franchement : il semble bien, selon différents témoignages, que le penseur Wagner n’y ait pas saisi grand-chose.

Il retint essentiellement de la Phénoménologie de l’esprit la phrase suivante :

« Il n’est pas difficile de voir que notre époque est une époque de renouveau et de transition vers une autre période. » [10]

Soit le principe d’un temps nouveau pour la pensée, mais un temps non caractérisé par un contenu de pensée propre…

Et son ami Friedrich Pecht rapporte cet échange de 1845 :

« Un jour je le retrouvai tout feu tout flamme au sujet de la Phénoménologie de Hegel qu’il était en train d’étudier. […] Il me lut un passage qu’il avait particulièrement impressionné. Je ne le compris pas très bien et lui demandai donc de le relire ; après quoi, nous ne comprenions ni l’un ni l’autre. Il le lut alors une troisième, puis une quatrième fois. Finalement, nous nous regardâmes, et nous éclatâmes de rire. Ce fut la fin de la Phénoménologie. » [11]

N’insistons pas et disons simplement que le rapport à Hegel reste synthétique et transitera surtout par le rapport de Wagner à Feuerbach.

Feuerbach

Concernant Feuerbach, qui était rappelons-le Jeune Hégélien de gauche (comme le sera Karl Marx dont semble-t-il Wagner n’a jamais entendu parler, lors même qu’ils étaient exactement contemporains [12]), Wagner a entretenu un contact plus intime avec sa philosophie (qu’il a lue depuis 1841). Il semble bien que ceci ait surtout accompagné ce qu’on pourrait appeler sa période « révolutionnaire », centrée sur l’année 1849 (Wagner dédicace à Feuerbach son livre L’Œuvre d’art de l’avenir) et ses conséquences si bien que son « crépuscule des dieux » se déploie à l’ombre de l’athéisme de Feuerbach [13].

Rappelons à cette occasion que Richard Wagner est un des très rares compositeurs a avoir vraiment fait de la politique, et ce avec le sérieux (en termes d’engagement et de risques pris, physiques y compris [14]) et les conséquences qui en découlent : son exil de plus de dix ans sera pour lui un calvaire musical, le tenant à l’écart de la vie musicale allemande et le contraignant à une vie recluse en Suisse centrée sur la composition.

« Tu dis que j’aurais follement coupé le pont derrière moi. Voilà où tu te trompes ; ce n’est pas moi qui ai coupé le pont, non, il s’est effondré tout seul avec un fracas formidable derrière moi, et cela parce qu’il était très mal construit et très peu solide. […] Ce n’est pas moi qui voulais pousser l’affaire aussi loin, non, c’est elle-même qui – par nécessité interne impérieuse – s’est poussée si loin. » 4 décembre 1849 (lettre à Ferdinand Heine) [15]

Schopenhauer

Concernant Schopenhauer, il est patent que cette philosophie a profondément et durablement résonné (raisonné !) en lui. Mais à quel titre exactement ?

On ne saurait ici ignorer le point de vue de Nietzsche tant il a été intimement lié à ce rapport Wagner-Schopenhauer et tant son évaluation des intelligences est aiguë.

Voici ce qu’il écrit dans son Gai savoir (après la mort de Wagner, donc) :

Wagner se trompa dans l’interprétation des personnages qu’il créa et il méconnut la philosophie implicite à son art le plus personnel. Richard Wagner, jusque vers le milieu de sa vie, s’est laissé égarer par Hegel ; il commit la même erreur quand plus tard il crut déchiffrer dans ses personnages la doctrine schopenhaurienne et commença à se définir lui-même par les notions de « volonté », de « génie » et de « compassion ». Il n’en restera pas moins vrai que rien n’est aussi contraire à l’esprit de Schopenhauer que ce qu’il y a de proprement wagnérien chez les héros de Wagner : j’entends l’innocence de la suprême avidité de soi, la croyance à la grande passion comme étant le Bien en soi, en un mot le caractère siegfriedien dans la physionomie de ses héros.  « Tout ceci a beaucoup plus un relent de Spinoza que de moi-même » - dirait peut-être Schopenhauer.  Wagner aurait donc d’excellentes raisons de se référer à d’autres philosophes plutôt qu’au seul Schopenhauer : l’enchantement auquel il a succombé, en ce qui concerne ce penseur, l’a rendu aveugle non seulement à l’égard de tous les autres philosophes, mais à l’égard de la science même. […] Le style même de Wagner n’est pas sans souffrir de toutes ces enflures et de tous ces abcès dont la vue mettait Schopenhauer tellement en colère. […] Enfin, la philosophie d’un artiste importe peu dès qu’elle n’en est qu’une supplémentaire, et qu’elle ne porte point préjudice à son art. […]  N’oublions pas que nos chers artistes sont tous plus ou moins cabotins, qu’ils doivent l’être, et que sans cabotinage ils supporteraient difficilement l’existence à la longue. Gardons notre fidélité à Wagner, dans ce qu’il a d’authentique et d’originel. […]  Laissons-lui ses humeurs et ses crispations intellectuelles. […]  Il importe peu qu’en tant que penseur, il ait tort si souvent : la justice ni la patience ne sont son affaire. (123)

 

On relèvera ici deux propositions :

1) Wagner se serait mépris sur la philosophie de Schopenhauer, comme précédemment sur celle de Hegel.

2) Cette méprise n’aurait pas grande importance car « la philosophie d’un artiste importe peu », sa dimension de « penseur » comptant pour peu au regard de son activité compositionnelle.

 

Que penser de ces propositions ?

Je formulerai pour ma part quatre contre-propositions :

1) Wagner me semble n’avoir pas compris Hegel plutôt que s’être mépris sur lui.

2) Concernant Feuerbach, qui n’est pas ici pris en compte par Nietzsche, il ne s’est agi ni de méprise ni d’incompréhension mais de réelle concordance intellectuelle, le point étant que cette raisonance est restée momentanée, circonstancielle : elle a encouragé le Wagner de l’époque révolutionnaire, y compris dans la conception de son drame collectif tétralogique (l’idée même d’un crépuscule des dieux résonne clairement avec la philosophie de Feuerbach) mais elle fait par contre butée sur Tristan.

3) Concernant Schopenhauer, on pressent que Nietzsche réitère ici le diagnostic de méprise (qu’il formule à l’égard du rapport à Hegel) pour suggérer que Wagner aurait dû chercher sa vraie philosophie du côté de son jeune ami… Mon avis, comme je vais tenter de l’argumenter, est que s’il est vrai que Wagner n’a peut-être pas saisi philosophiquement Schopenhauer, il l’a par contre bien saisi musicalement, ce qui va nécessiter de distinguer deux types de compréhension musicale : une compréhension qu’on dira analytique (qui fera l’objet de son livre sur Beethoven en 1870) et une compréhension qu’on dira synthétique (qui nourrit le musicien Wagner depuis 1854).

4) Je m’accorde avec Nietzsche pour distinguer et séparer le musicien penseur de son œuvre musicale, mais je ne lui accorde pas pour autant que le premier n’a guère d’importance : ce musicien pensif (qui relève de ce que j’appelle intellectualité musicale) ne procède pas à un simple habillage circonstanciel de ce qui seul compterait : la musique à l’œuvre. Il faut prendre au sérieux les écrits de Wagner, toute la difficulté étant alors de les articuler dialectiquement à ses œuvres : les écrits disent autre chose que les œuvres ; ils disent, dans la langue vernaculaire du musicien, ce que les œuvres ne sauraient dire.

 

Entreprenons maintenant de voir en quel sens Wagner a pour cela besoin de la philosophie.

L’inflexion Tristan

Revenons ce faisant à l’opéra Tristan.

Cette œuvre opère une inflexion musicale et dramatique par rapport au Ring, et ce en un triple sens.

Du côté du poème

Le texte, d’abord, ne s’attache plus à une entreprise collective de vaste ampleur – entreprise collective dont le principe relève de la politique au sens large – mais à l’aventure amoureuse qui procède de la rencontre d’un homme et d’une femme. On passe donc d’un collectif a un couple en même temps que des problèmes du vaste monde à ceux de l’amour. Éloge de l’amour ? En tous les cas, l’amour y est installé en position d’enjeu central !

Simultanément la nouvelle action dramatique se trouve réduite à sa plus simple expression : une rencontre, une déclaration, une fusion orientée vers la mort…

Il faut rappeler que Wagner, à l’occasion de Tristan, parle d’action plutôt que de drame, et qu’il relève que cette action est ici avant tout intérieure

On peut aussi remarquer [16] que le texte même du poème est ici plus concentré que dans le Ring.

Du côté de la musique

Ensuite la musique va occuper dans cet opéra une place qu’elle n’avait pas dans le Ring et qu’Opéra et Drame lui déniait : dans la synthèse musique-poème-théâtre (dont le mot drame est chez Wagner le nom), la musique en effet est mise, par le Wagner de 1849, en position subordonnée, secondaire, de servante, position dite féminine car la musique y est fécondée par le poème (à la fois par une matérialité sonore – celle du signifiant, avec ses phonèmes, ses rythmes -  et par l’action signifiée).

Dans Tristan, la hiérarchie se trouve inversée : la musique y constitue une proposition propre de très grande ampleur – la dimension musicalement novatrice de Tristan n’est plus à démontrer, et son chromatisme d’avant-garde n’a cessé de fasciner les musiciens, y compris ceux qui restent peu sensibles aux charmes de l’opéra -.

Ceci apparaît dès la première mention de l’œuvre puisque Wagner parle d’une conception « musicale » (et non pas poétique). En 1856, Wagner écrira d’ailleurs [17] qu’il concevait une « musique sans paroles ».

Au total, la musique prend son envol :

·       envol des phrases mélodiques par rapport aux phrases verbales [18],

·       espace pour des duos où le sens des mots se perd dans la superposition des voix [19],

·       mots submergés sous la musique [20],

·       leitmotive devenus thèmes orchestraux sans signifié précis [21]

Du côté du drame

Au total, dans Tristan la musique devient le facteur dirigeant le drame. C’est aussi pour cela que Tristan est celui des opéras de Wagner qui supporte le mieux une exécution en version de concert, sans représentation. Ce n’est pas que l’action ne compte plus, mais c’est qu’étant plus intérieure, elle est plus intégrée à la musique (un peu comme une modulante l’est à une porteuse [22]).

On sait d’ailleurs que Wagner indiquera avoir « complètement oublié toute théorie » [23] en composant Tristan, avoir procédé avec une « totale absence de réflexion » [24]. Et il écrira, en 1860 dans La musique de l’avenir, que « la musique inclut le drame en elle-même ». C’est dire que dans Tristan, la musique prend, sans le déclarer, la tête de la synthèse qu’est le drame.

 

On assiste donc là à une triple inflexion :

·       quant au poème, au livret, à l’action théâtrale représentée ;

·       quant à la musique ;

·       quant aux rapports de celle-ci à celui-là.

 

Si l’on adopte ce diagnostic, fort succinct il est vrai et qui mériterait d’amples nuances, dans quelle mesure cette coupure et l’inflexion ainsi initiée sont-elles redevables de la philosophie de Schopenhauer ?

Deux types de compréhension

Comme suggéré précédemment, il me faut ici distinguer deux types de compréhension wagnérienne de la philosophie de Schopenhauer, deux types qui se distribuent chronologiquement assez clairement :

·       À l’époque de Tristan, cette compréhension reste synthétique c’est-à-dire d’ordre global ; elle n’est pas argumentée en détail ; elle permet d’adosser l’intellectualité musicale wagnérienne à un dispositif philosophique contemporain ; elle vise à consolider le volet qu’on dira esthétique du projet wagnérien. C’est à ce niveau synthétique ou global que se situe la critique de Nietzsche, énonçant en substance : ‘Wagner ne retient aucune des idées philosophiques essentielles de Schopenhauer mais s’en sert comme incitation musicale et appui global.’ Soit : Wagner se réclame synthétiquement de Schopenhauer mais l’ignore analytiquement.

·       Plus tard, très exactement en 1870 avec son livre sur Beethoven,  Wagner explicitera une compréhension plus analytique de la philosophie de Schopenhauer, nourrie cette fois d’argumentation détaillée.

 

Examinons l’une et l’autre successivement.

Une compréhension synthétique en trois volets

À quels titres la philosophie de Schopenhauer a-t-elle servi d’appui subjectif à Richard Wagner pour inscrire l’inflexion musicale et dramatique que constitue Tristan ?

Relevons d’abord que cet appui a été d’autant plus déterminant que l’intellectualité musicale wagnérienne a l’esthétique pour centre de gravité :

·       Il y a bien chez Wagner une théorie musicienne de la musique (qu’on dira théorie érotique ou sexuée de la musique) mais elle n’est pas centrale : l’intellectualité musicale mettant la théorie au cœur de son projet est celle de Rameau.

·       Il y a bien chez Wagner une dimension critique - une manière de se rapporter aux autres œuvres musicales -  mais cette dimension reste en bonne part non détaillée (son livre sur Beethoven, par exemple, ne comporte guère de considérations analytiques) : l’intellectualité musicale mettant la critique au cœur de son projet est celle de Boulez.

·       C’est bien l’esthétique – entendons par là une manière musicienne de réfléchir le rapport de la musique au monde – qui constitue non seulement la masse critique mais aussi le cœur des écrits de Wagner, et sur ce plan, la philosophie comme telle est l’interlocutrice « naturelle » de l’intellectualité musicale.

À l’époque de Tristan, la philosophie de Schopenhauer va synthétiquement servir à Wagner de trois manières.

Météorologie : le contemporain – ici l’amour

Il y a d’abord ce que j’appellerai la fonction météorologique de la philosophie c’est-à-dire son aptitude spécifique à déterminer un temps de la pensée, ce qui pour la pensée fait époque, un Zeitgeist donc, ou une figure du contemporain.

À ce titre, la philosophie de Schopenhauer aide Richard Wagner à prendre ses distances d’avec l’esprit « hégélien » des révolutions nationales de 1848 : il s’agit ici moins d’une affirmation schopenhaurienne sur un nouvel esprit du temps qu’une distance prise avec l’ancienne figure hégélianisante, mêlant histoire et politique selon une figure collective émancipatrice.

Somme toute, Schopenhauer aurait ici servi à Wagner d’abri idéologique pour mettre en avant sa vision romantique d’un enjeu central de l’amour.

Cartographie : l’orientation dans la pensée – ici la volonté

Il y a ensuite une fonction que je dirai cartographique de la philosophie, c’est-à-dire sa capacité d’orienter la pensée, de dégager les grandes orientations existant dans la pensée.

À ce titre, la philosophie de Schopenhauer aide Wagner à s’orienter dans le dédale des projets, des entreprises et des volontés. La question idéologico-philosophique est pour Richard Wagner celle de la compatibilité entre volonté et passivité : comment une volonté ferme est-elle ou non compatible avec une figure passive plutôt qu’active du sujet ? À l’inverse comment la soumission à la nécessité est-elle compatible avec l’affirmation d’une volonté et n’accule-t-elle pas à une léthargie ? On sait comment le personnage de Parsifal sera bien en ce point l’héritier des questions de Tristan…

Richard Wagner, à cette époque, et avant même de rencontrer la philosophie de Schopenhauer, affirmait par exemple ceci :

« Il nous faut apprendre à mourir, et cela dans la pleine acception du terme. […] Voilà tout ce que nous avons à apprendre de l’histoire de l’humanité : vouloir le nécessaire et l’accomplir nous-mêmes. » 14 janvier 1854 (à August Röckel) [25]

La philosophie de Schopenhauer aide Wagner à s’orienter dans le sens d’un tel « apprendre à vouloir le nécessaire ».

Géologie : les conditions de possibilité – ici la Musique

Il y a enfin une fonction que je nommerai géologique de la philosophie où celle-ci aide la pensée à prendre mesure des conditions de possibilité de telle ou telle orientation, de telle ou telle énonciation.

En ce point, la philosophie de Schopenhauer aide Wagner à prendre mesure des conditions rendant toujours possible la musique après Beethoven, à l’époque donc du drame. À quelles conditions la musique peut-elle ou ne peut-elle pas entrer en synthèse avec l’art théâtral et l’art poétique ? Lui faut-il pour cela prendre la tête de ces alliances ? On sait que telle est la position de Schopenhauer qui disposait la musique en exception radicale et supérieure à la diversité des arts, en raison précisément de son rapport tout à fait singulier à la « volonté » : le monde visible des phénomènes est reflet d’une volonté dont la musique est l’essence.

Sans avoir besoin pour cela de suivre cette philosophie dans son détail analytique, Wagner s’est adossé à elle pour légitimer – ce qui est aussi bien dire pour s’encourager soi-même que pour convaincre ses interlocuteurs – sa nouvelle entreprise musicale conçue sous le nom de Tristan où la musique est l’agent principal du drame plutôt que sa servante.

 

Au total Wagner s’est appuyé synthétiquement sur la philosophie de Schopenhauer pour

·       d’une part prendre mesure d’un nouveau temps de la pensée – non hégélien et esthétiquement non ordonné à la politique –,

·       d’autre part s’orienter dans le délicat problème de ce qu’il y a alors lieu de vouloir et ce qu’il y a simplement lieu d’accompagner,

·       enfin clarifier à quelles conditions la musique peut-elle jouer son rôle dirigeant dans le concert des arts et dans l’exaltation de la puissance de vérité de l’amour.

 

Mais cette disposition – que j’appelle synthétique – et qui est prioritaire à l’époque de Tristan (de sa première conception jusqu’à son achèvement, de 1854 donc à 1859) va prendre, dix ans plus tard un tour plus analytique.

Une compréhension analytique : Beethoven (1870)

Plus tard en effet, Wagner pratiquera une lecture plus attentive et visant non plus à s’autoriser globalement de Schopenhauer mais bien à déduire de sa philosophie (saisie dans tel ou tel de ses détails) des conséquences proprement musicales. Ce sera l’enjeu de son livre sur Beethoven que d’établir un nœud entre une généalogie musicale (Beethoven y constitue sa principale référence) et une historicité d’ordre esthétique (dont la philosophie de Schopenhauer est devenu la garante).

Pour cela Wagner va tenter d’établir comment sa musique consonne avec une problématique (romantique) exhaussant la contradiction entre une confusion mentale portée par l’état de veille et la clairvoyance que génèrerait le rêve (où l’on rencontre ce thème romantique d’un inconscient porteur de vérité contre une conscience arrimée à l’état de veille).

Wagner, grâce à Schopenhauer, va faire de cette contradiction le lieu même du monde de la vue : c’est du point de l’œil et de ses images que la confusion de la veille s’oppose sans médiation à la clarté du rêve. Grâce encore à Schopenhauer, Wagner fait alors entrer en jeu un autre monde - celui de l’ouïe – comme puissance de réduire cet écart au moyen du cri : le cri peut combler l’abîme entre confusion de la veille et clairvoyance du rêve puisque le cri jaillit du second pour dissiper la première, transportant la clarté intérieure vers l’extériorité de la conscience en veille :

Dans le cri, « l’objet du son perçu coïncide de façon immédiate avec le sujet du son émis ».

« Si le cri que nous poussons est l’extériorisation la plus directe de l’émotion de notre volonté, nous comprenons aussi le même appel qui nous parvient par l’ouïe comme l’extériorisation de la même émotion, et il est impossible ici d’avoir, comme dans l’éclat de la lumière, la moindre illusion que l’essence fondamentale du monde qui nous est extérieur ne soit pas absolument identique à la nôtre. »

D’où l’espace de pensée pour une volonté proprement musicale qui édifie son expressivité singulière sur le paradigme du cri.

Une mytho-logique du travail inconscient

On peut interpréter cette logique comme une logique mythique, une mytho-logique (au sens précis qu’en donne Claude Lévi-Strauss) c’est-à-dire comme une manière, grâce au mythe, de réduire une fracture entre un élément négatif et un élément positif :

Confusion (de la veille)

Clarté (de la veille)

Clarté (du rêve)

Rêve… dissipant la confusion

 

 

 

Monde de la vue

Monde de l’ouïe

Rappel : formule canonique du mythe

Cf. la « formule canonique du mythe » de Claude Lévi-Strauss (ou logique de réduction d’une fracture négatif/positif)

Ax

Bx

By

Ya-1

 

L’idée soutenue par Wagner est que la tension entre une confusion propre à l’état de veille et une clairvoyance du rêve (« clairvoyance somnambulique ») peut être réduite par une intrusion « miraculeuse » de l’ouïe (qui profile l’enjeu d’un éventuel travail musical) puisque cette intrusion génère un nouvel écart minoré, réduit, entre une clarté cette fois éveillée (une sorte d’ombre claire) au moyen d’un rêve ressaisi comme dissipant la confusion antérieure.

Plus avant, l’idée de Wagner est alors que la musique résout le conflit entre sujet et monde (conflit prenant la forme phénoménale d’une contradiction entre monde de la vue et monde de l’ouïe) grâce à l’unification en un seul monde : celui du drame musical.

« De cette conscience immédiate de l’unité de notre être intime avec celui du monde extérieur, nous voyons naître un art »

La Musique, bien sûr ! CQFD

 

Cette compréhension analytique de la philosophie de Schopenhauer est-elle exacte ? Elle échappe en tous les cas à la critique émise par Nietzsche !

Notons, au demeurant, que Parsifal n’est pas vraiment d’idéologie schopenhaurienne. Ainsi Schopenhauer nomme chez Wagner un élan plutôt qu’une référence analytiquement cultivée. Richard Wagner, comme tous les compositeurs, était un prédateur plutôt qu’un disciple attentif au discours d’un Maître…

 

Mais il nous faut bien voir que la critique de Wagner par Nietzsche tient pour sa plus grande part à un tout autre point où il ne s’agit plus de savoir si Wagner a été ou non schopenhaurien mais de savoir en quoi l’évènement musical Wagner a-t-il ou non des effets intra-philosophiques, soit cette fois une question adressée à la philosophie et non plus à la musique. Et si Nietzsche tient tant à séparer Wagner de Schopenhauer, c’est parce que sa cible est philosophique : c’est bien à mesure du fait que Wagner n’est pas schopenhaurien que sa musique pose une question nouvelle à la philosophie, et donc à Nietzsche.

Comme l’on sait, un certain nombre de philosophes se sont employés, à la suite de Nietzsche, à répondre à cette question : par exemple Adorno au 20ème siècle et, aujourd’hui encore, Philippe Lacoue-Labarthe et Alain Badiou. Il est patent que, dans chacun de ces cas, l’influence de Schopenhauer sur Wagner est systématiquement négligée, l’accent étant plutôt mis sur la nature musicale de l’évènement.

Conclusion

Ceci me suggère alors cette conclusion provisoire : s’il est vrai que la philosophie de Schopenhauer a joué un rôle certain sur le musicien Wagner, l’encourageant à infléchir son œuvre avec Tristan comme à mieux théoriser la part prise par la musique dans le clair-obscur romantique, si en un mot cette philosophie a bien servi d’appui à l’intellectualité musicale wagnérienne pour se redéployer esthétiquement une fois distance prise avec le modèle politique du révolutionnaire, il faut cependant tenir que sa musique ne saurait devoir à cette philosophie pas plus d’ailleurs qu’à une autre : entre écrits de l’intellectualité musicale et œuvres musicales, il n’y a ni continuité, ni convergence, moins encore fusion mais hétérogénéité sans synthèse.

On a donc le schéma suivant, radicalement intransitif, et qui ne boucle pas, sur lequel je conclurai [26] :

Somme toute, que nous indique-t-il pour aujourd’hui, pour nous qui allons écouter à nouveaux frais Tristan au seuil du XXI° siècle, nous qui ne nous confinons pas dans l’histoire passée mais sommes au rouet d’un nouveau siècle ?

Ceci, je crois :

1.     Si la philosophie peut bien aider le musicien à se situer et s’orienter, elle n’agit aucunement sur l’œuvre musicale.

2.     Si, à l’inverse, l’œuvre musicale peut stimuler la philosophie, lui fournir des questions,  ce n’est pas le cas du musicien, fût-il pensif

3.     Enfin, le plus important je crois de la leçon que peux nous laisser cet entremêlement Schopenhauer-Wagner-Nietzsche : le musicien est un passeur de musique plutôt qu’un acteur. Son éducation visera donc bien la disposition, subjectivement paradoxale dégagée par Wagner, d’un « vouloir lâcher prise » soit d’un « lâcher prise volontaire », lequel n’est nullement un « abandon de tout vouloir ». Le combat contre le nihilisme – celui du 19ème siècle comme celui des temps présents [27] - se joue bien là [28], et le musicien y a bien le sien propre qui est de conquérir et soutenir une passivité musicale active.

À ce titre, et ce sera mon dernier mot, je suggèrerai, en matière de passivité active, d’apprendre à écouter Tristan du point rétroactif de Parsifal !

 

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[1] Martin Gregor-Delin, Wagner au jour le jour (p. 114)

[2] Cf. Wagner. Guide raisonné (sous la direction de Barry Millington) ; Fayard, p. 168

[3] de John Oxenford dans The Westminster Review

[4] Zurich, 16 décembre 1854

[5] automne 1854

[6] le 28 juin 1857

[7] à l’occasion du 100ème anniversaire de sa naissance

[8] L’inconscient esthétique (Galilée, 2001)

[9] « Si la théorie psychanalytique de l’inconscient est formulable, c’est parce qu’il existe déjà, en dehors du terrain proprement clinique, une certaine identification d’un mode inconscient de la pensée, et que le terrain des œuvres de l’art et de la littérature se définit comme le domaine d’effectivité privilégié de cet “inconscient” » (p. 11)

[10] Martin Gregor-Delin, Richard Wagner (p. 197)

[11] Martin Gregor-Delin, Richard Wagner (p. 197)

[12] Richard Wagner : 1813-1883 / Karl Marx : 1818-1883. De plus Wagner fut autour de 1849 un proche de Bakounine lequel était alors proche de Marx…

[13] « C’est bien Feuerbach qui était là derrière, et non Schopenhauer. » (Martin Gregor-Delin, Richard Wagner - p. 350). Nietzsche (voir plus loin) a bien raison…

[14] Wagner participe aux émeutes révolutionnaires à Dresde en mai 1849. En particulier, il fait composer des affichettes « Êtes-vous avec nous contre les troupes étrangères ? » qu’il va lui-même distribuer aux soldats, manquant d’être fusillé sur place ; il va faire le guet au sommet d’un clocher… (Martin Gregor-Delin, Richard Wagner - p. 79)

[15] Martin Gregor-Delin, Wagner au jour le jour (p. 86)

[16] Cf. Stein (p. 134)

[17] À Marie Wittgenstein (cf. Dahlhaus, p. 62)

[18] Stein (p. 143)

[19] Stein (p. 143)

[20] Stein (p. 144)

[21] Stein (p. 145)

[22] Voir mon analyse de la modulation infinie comme synthèse par modulation de fréquence…

[23] Stein (p. 154)

[24] Stein (p. 160)

[25] Martin Gregor-Delin, Wagner au jour le jour (p. 110) - Martin Gregor-Delin, Richard Wagner (p. 242)

[26] Techniquement dit (dans le langage de la théorie des catégories) : les flèches ne peuvent s’y composer.

[27] Le nihilisme dont la maxime est donnée par Nietzsche : « plutôt vouloir le rien que ne rien vouloir » (à quoi il convient d’opposer qu’on peut vouloir quelque chose !)

[28] nihilisme dont le siècle de nos trois personnages a vu la germination et que notre époque semble voir triompher