Défier le nihilisme
Rencontres franco-tunisiennes de Nabeul
(27
février 2023 – 1er mars 2023, Centre Abid’Art)
Lundi 27 février |
Mardi 28 février |
Mercredi 1° avril |
François Nicolas Présentation de la problématique des rencontres Comment la pensée
mathématique moderne défie le nihilisme contemporain |
Rudolf Di Stefano Affirmer
le cinématographe |
Alain Rallet Le travail comme activité émancipatrice au défi
du nihilisme |
Hayet Ben Charrada La littérature, un espace de défi opposé au nihilisme |
Hédia Habaieb Abdelkefi Le détachement
comme héroïsme négatif |
Discussion
générale en présence de Mohamed Karray |
Proposition : défier le nihilisme
contemporain en tenant quelque point affirmatif
Ouvrant ces rencontres, mon exposé se partagera en deux :
1) Pourquoi défier aujourd’hui le nihilisme ? Pourquoi
proposons-nous de le faire en affirmant coûte que coûte des points subjectifs
d’existence ? Pourquoi des rencontres franco-tunisiennes constituent-elles
un cadre privilégié pour traiter de ces questions ?
2) Comment une certaine manière d’étudier les mathématiques
modernes peut-elle aujourd’hui constituer un tel type de point ? Exemple
de l’analyse complexe (début du XIX° siècle) qui intègre, à l’analyse
classique d’une situation (centrée sur sa factualité, consensuellement
constatable), l’existence de possibilités intrinsèques (qui opposent les
imaginaires et les désirs).
La
littérature, un espace de défi opposé au nihilisme
Au-delà de son pouvoir de fascination ou
simplement à partir de celui-ci, la littérature justifie son action
pluriséculaire sur l’imaginaire collectif.
Et de ce fait, quels qu’en soient l’enjeu ou la forme, elle fonctionne
comme un levier de métamorphose et une force d’altération de la doxa. Je me propose d’étayer cette vérité sur la
base d’un corpus romanesque contemporain : L’imprévu et Dans le train
deux récits fictionnels datés des années 2002 et 2005 publiés aux Éditions de
Minuit de leur auteur Christan Oster. Mon approche de ces textes empruntera à
la théorie sémiotique dans son versant poétique. Elle aura pour objectif
spécifique de montrer que la poiesis
tout en jouant ici sur la simplicité jusqu’à la trivialité jouxtant le cynisme
dégage un ethos de type paradoxal. Il s’agit de broder autour du motif d’amour
sur un canevas psychologique atone et dans un environnement humain visiblement
impropice à ce type d’affect ; ce qui est une façon de poser une digue fût-elle la plus dérisoire
contre l’idée consensuelle de recul sinon d’extinction de ce type de passion
dans notre monde frappé de plein fouet
par l’inanité sentimentale.
Affirmer le cinématographe
En ce début du XXIème siècle, militer pour l'idée d’un cinéma
dont la spécificité est de mettre en avant le montage comme
réelle invention de cet art. Cet engagement prend aujourd’hui la forme
d'un défi au cinéma actuel et passe par la nécessaire relève du Cinéma
moderne, en déduisant de ce dernier, quelques points pour une pratique
cinématographique désaliénée et combative contre le nihilisme
contemporain.
Le détachement comme héroïsme négatif
Je propose
d'intervenir sur la présence de l'écologie dans la littérature (post-)moderne
sous le prisme de l’écopoétique (ecocriticism), une critique au croisement
de la littérature, de l'écologie et de l'éthologie. En m'intéressant à
cette approche dans la littérature contemporaine, je prendrai en considération
moins les discours historico-politiques contemporains qu’elle est susceptible
de véhiculer que la relation conflictuelle du sujet avec son époque, son milieu
et surtout avec lui-même. Il s’agit d’un héros négatif, l'héroïsme négatif
étant le seul geste possible pour l'homme moderne. Loin de participer aux
tourments de son époque, ce dernier, épuisé par la vie urbaine, vit en marge,
au milieu de la nature. L'apologie du détachement présente dans quelques
romans contemporains, est teintée d'une conscience écologique qui témoigne de
la place des enjeux environnementaux dans le domaine littéraire. Pour aborder
ce sujet, je questionnerai au moins deux textes de la littérature francophone
tunisienne : Dernier voyage à Kyrannis d'Ahmed Mahfoudh (2011)
et L'amas ardent de Yamen Mannaï (2018).
Dans les sociétés occidentales, le nihilisme
prône la sécession à l’égard du travail en valorisant le temps de la
consommation. Tandis que là où subsiste massivement le travail industriel, une
écrasante exploitation balaierait toute possibilité d’une émancipation dans le
travail. Le nihilisme oscille ainsi, au regard du travail, entre déserter et se
soumettre. Contre cela, on tiendra que le travail, fût-il asservi, est la base
matérialiste d’une émancipation dès lors qu’on le dialectise non avec un futur
utopique mais avec une subjectivité politique au travail. On mettra en rapport
l’évolution actuelle du travail avec les textes classiques de Marx sur le
travail.
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